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Lettre ouverte à ceux qui ont eu l’idée de faire sauter un cochon à l’élastique en Chine

Kathleen Wuyard

Pour attirer les touristes, un parc d’attractions situé au sud-ouest de la Chine a eu l’idée de lier les pattes d’un cochon, puis de le forcer à sauter à l’élastique d’une hauteur de 68 mètres. Il n’y a pas de mots pour exprimer notre rage, notre incompréhension ni notre mépris, mais on va essayer quand même.


Vous êtes odieux,

On sait, on sait, une lettre normalement, ça commence par “Cher Untel, Chère Unetelle”, mais même avec ironie, il nous est insoutenable de vous donner du “cher”. Parce que c’est plutôt tout l’inverse que vous nous inspirez comme sentiment. On ne sait pas qui vous êtes, mais on vous hait. Peut-être l’idée est-elle venue des dirigeants du parc d’attraction, bien calés dans leurs costumes derrière leurs bureaux, et bien loins aussi de la souffrance de l’animal choisi pour tester le saut à l’élastique. Peut-être que c’est un éleveur de porcs de la région, qui a proposé l’idée lors d’une soirée avinée, et malheureusement, une fois sobres, personne ne s’est rendu compte d’à quel point elle était déplacée. Ou bien c’est l’ado d’un des employés, accro aux jeux vidéos sadiques, qui a lancé le concept, et tel un élastique, bim, il a décollé?

On ne sait pas, on ne saura pas, et au fond, on ne veut pas savoir, parce que ce qui compte, c’est qu’aucune voix ne s’est élevée pour dire que c’était cruel, que c’était tout sauf une attraction et que c’était inadmissible. De tous temps, l’Homme s’est appuyé sur le spécisme pour justifier son traitement des animaux, et si de base, le raisonnement est bancal, quand il permet de justifier des tortures inutiles, car c’est bien de cela qu’il s’agit ici, cela nous soulève autant l’estomac que si c’était nous qu’on jetait de 63 mètres. On a décrété que les chiens et les chats étaient gentils, qu’il ne fallait pas les manger sous peine d’être des barbares, les cochons, eux, sont malheureusement passés du mauvais côté de l’échelle du spécisme, et peu sont ceux qui voient un problème à les engloutir, mais est-ce une raison pour autant de tolérer qu’on les traite de la sorte? Non, non, mille fois non.

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Au-delà du caractère gratuit, violent et sadique de la chose, le choix d’un porc ajoute une dimension particulièrement triste et enrageante à “l’attraction”. Parce que les cochons, pour rappel, ce ne sont pas des “usines à jambon”, mais bien des animaux particulièrement intelligents, qui peuvent comprendre un langage symbolique simple, mémoriser des informations, et faire preuve d’empathie. Celle-là même dont les humains, en tête ceux de cet odieux parc d’attractions en Chine, font cruellement défaut avec eux. “Non mais vous savez, les cochons, ce sont de sales bêtes, ils ne pensent qu’à se rouler dans la boue de toute façon”. Non mais vous savez, en fait, pas que cela change quelque chose à la cruauté du geste, mais ainsi que la neuroscientifique Lori Marino l’a démontré, « les cochons partageaient un nombre de capacités cognitives avec d’autres espèces intelligentes comme les chiens, les chimpanzés, les éléphants, les dauphins et même les humains ».

Au 21e siècle, cela ne semble toujours pas être clair, alors on le rappelle: les animaux ne nous appartiennent pas. Ils ne sont pas mis à notre disposition pour en faire ce dont on a envie, et certainement pas pour les torturer pour notre bon plaisir. Un rappel nécessaire, dont on est particulièrement étonnées qu’il ne résonne pas plus en Chine: la majorité de la population pratique en effet le bouddhisme, dont un des piliers est la réincarnation après la mort dans les traits d’un animal déterminé par la vertu avant la mort. Quelque chose nous dit que pour une poignée d’officiels d’un parc d’attractions chinois, l’enfer ressemblera à un saut à l’élastique sans fin dans le corps d’un cochon...

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