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Mon coup de gueule contre Catherine Deneuve

Justine Rossius
Interrogée sur le plateau de "Quotidien", Catherine Deneuve a pris la défense du réalisateur Roman Polanski, poursuivi depuis 1977 pour une affaire de viol. Mais Catherine, où avais-tu la tête?

Petit flashback: outre le fait d'être un réalisateur à succès – connu notamment pour "Le Pianiste" – Roman Polanski est aussi célèbre pour l'affaire de viol à laquelle il a été mêlée. En 1977, il est accusé d'attouchements et de viol, par pénétration anale, sur Samantha Gailey, âgée de... 13 ans. Il en a alors 39 ans. Il reconnaît avoir eu une relation sexuelle avec, mais dément l'avoir violée. On connaît la suite: il est libéré sous caution après 47 jours d'incarcération, avant de s'enfuir des Etats-Unis en 1978. La victime, elle – et s'en est une, Catherine – a depuis renoncé à ses poursuites judiciaires – un accord financier ayant été conclu.

 

Polanski, président?

Début d'année, le réalisateur est choisi pour présider la cérémonie des Césars. Une décision qui suscite l'indignation de nombreuses associations féministes: quel honneur, n'est-ce pas, pour un violeur? Quelle horreur, oui! A l'époque, la ministre française des Droits des femmes, déplore le manque de considération de l'histoire du viol dans le choix de l'Académie des Césars. Une décision que Catherine Deneuve, par contre, trouvait tout à fait légitime...

 

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Catherine Deneuve le défend 

Invitée le 16 mars dernier dans l'émission "Quotidien" de Yann Barthès sur TMC, Catherine Deneuve a été interrogée sur le retrait de Polanski à la présidence des Césars. Et ses propos nous ont choquées au plus haut point, faisant baisser Catherine Deneuve plus bas que sous terre dans notre estime. L'actrice, elle, se dit extrêmement choquée que – je cite – "des femmes puissent encore prendre la parole 40 ans après pour sortir cet homme de sa réserve." Oh oui, un homme d'une très grande réserve, sauf quand il s'agit de poser ses mains, où son sexe pour le coup sur une jeune fille à peine sortie de la puberté. Après l'avoir droguée, soit dit en passant.

 

L'actrice des "Parapluies de Cherbourg" va même jusqu'à expliquer qu'elle ne comprend pas que la nomination de Polanski à la présidence des César puisse énerver les féministes. "C'est abusif" dit-elle. Et abuser d'une enfant, qui sort à peine des primaires quand on est un homme déjà grisonnant, c'est quoi encore?

 

"Elle ne faisait pas son âge"

Et puis là, c'est le pompon. Catherine Deneuve, qu'on connaît pourtant si classe, pire encore, qui nous inspirait jusque-là, sort les deux phrases phrase à ne pas prononcer: "De toute façon, elle ne faisait pas son âge?" et ... "J'ai toujours trouvé que le mot de viol avait été excessif". Pardon? Elle aurait même pu être maquillée comme une voiture volée, perchée sur des talons de 15 cm, vêtue d'une jupe qui ne cache que son vagin que ça n'excuserait toujours rien.

 

Vous savez, Catherine, vous défendez là la culture du viol, dont vous ne connaissez visiblement pas la définition: il s'agit d'un environnement social et médiatique dans lequel les violences sexuelles trouvent des justifications, des excuses et sont simplement banalisées, voire acceptées. La culture du viol, c'est culpabiliser les femmes quant à leur apparence. La culture du viol, c'est dire "Tu l'as bien cherché", à une femme agressée, qui avait décidé de lâcher le décolleté.

 

Des propos inaudibles en 2017 

Alors oui, Samantha Geimer dit avoir "pardonné" à Roman, comme elle l'appelle. Selon elle, "ça va, c'était il y a longtemps". Elle éprouverait même de l'empathie pour celui qui l'a sodomisée à l'âge de 13 ans. Mais ce n'est pas là la question, ce n'est pas ça qui nous révolte. En tant que personnage médiatique, ce que Catherine Deneuve a dit à la télévision est inaudible, comme l'a signalé Yann Barthès à la principale intéressée.  C'est effarant. En lâchant ces propos démesurés, Catherine, vous avez insulté la jeune fille de 16 ans, qui – en rentrant de soirée – s'est faite traîner par un pauvre mec avant d'être laissée pour morte, son jeans déchiré. Vous avez insulté le jeune garçon de 13 ans violé par un prêtre en Argentine, parce que "bon, il faisait plus vieux que son âge". Vous avez aussi culpabilisé toutes les jeunes mannequins touchées par leur photographe en plein shooting. Parce que cette histoire nous rappelle vaguement une autre: celle de Flavie Flament et de son violeur présumé, David Hamington. Comme si le statut d'artiste excusait tous les crimes, justifiait toutes les obcénités.

 

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