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Témoignage: ““Je me suis fait stériliser à 25 ans””

Kathleen Wuyard
Que se passe-t-il quand on est certaine de ne pas vouloir d’enfants et qu’on demande une stérilisation à son médecin. Ellie, 25 ans, est passée par là et raconte un vrai parcours du combattant.


 

« Et si vous divorcez, et que votre nouveau mari, lui, veut avoir des enfants? ». Une phrase remplie de jugement et de sous-entendus négatifs, qu’on voudrait ne jamais entendre de la bouche de sa gynéco. C’est pourtant ce qui est arrivée à Ellie, 25 ans à l’époque, qui a écrit un essai pour raconter son long parcours avant d’être stérilisée. Car oui, des femmes qui ne rêvent pas du tout de maternité et veulent s’assurer d’y échapper, cela existe aussi. Un état d’esprit qui reste pourtant tabou, tant dans le cercle social que dans le milieu médical.

“Une souffrance permanente”


Lancé en Californie dans les années 70, le mouvement Childfree regroupe aussi bien des militants que des femmes qui ne veulent simplement pas avoir d’enfant. Et ce mode de vie fait de plus en plus d’adeptes. Sur Facebook, le groupe « Je n’ai pas d’enfants, et alors? » lancé par la belge Frédérique Longrée et son ex-compagnon, Théophile de Giraud, rassemble plus de 1 200 membres, qui échangent témoignages et blagues mordantes. Derrière la non envie de maternité de Frédérique? « J’aime beaucoup les enfants tellement que je n’en fais pas. L’existence est une souffrance permanente que je ne veux pas imposer à quelqu’un qui n’a rien demandé ».

Un choix égoïste?


Mais difficile de ne pas souffrir quand on fait ce choix-là. Fort introspective durant son enfance, Ellie a su très vite qu’elle ne voudrait pas d’enfants. « Je me rappelle d’une conversation avec ma mère, je devais avoir 8 ou 9 ans. Je lui ai demandé si elle ne trouvait pas que c’était égoïste d’avoir des enfants, parce que le bébé n’est pas encore né donc il ne peut pas s’exprimer et dire si il veut venir au monde ou non ». Une situation dont Ellie ne voulait pas.

Quand j’ai rencontré mon mari, je lui ai directement dit que je ne voulais pas d’enfant. Il a accepté ma position, et trois ans après notre rencontre, nous nous sommes mariés. J’avais 25 ans à l’époque et j’ai décidé de me faire stériliser, sans savoir le parcours du combattant qui m’attendait.

“Pourquoi attendre quand on est certaine?”


L’entourage, d’abord. « Beaucoup de gens m’ont dit que c’était trop radical, que je risquais de changer d’avis et de regretter ma décision. Non seulement cela ne correspond pas à mon caractère, mais en plus, c’est une certitude que j’ai en moi depuis plus de dix ans, alors pourquoi de changement soudain? ». Et n’en déplaise à la gynécologue d’Ellie: « elle m’a dit que j’étais vraiment jeune, qu’il n’y avait pas de rush et que si je voulais, je pourrais toujours avoir cette procédure à 30 ou 40 ans. Mais pourquoi attendre quand on est certaine? Et surtout, pourquoi prendre le risque d’avoir une grossesse non-désirée alors que mon métier d’archéologue m’emmène parfois dans des pays où l’avortement est illégal? ».

Thérapie forcée


Prix à payer pour Ellie avant de pouvoir se faire stériliser: suivre une thérapie prescrite par sa gynécologue, et prouver au thérapiste qu’elle était bien certaine de sa décision. Une marche à suivre injuste, qu’elle dénonce, rappelant que « quand une femme veut se faire inséminer artificiellement, elle ne doit pas prouver à un thérapeute son désir d’enfant ». Un désir qu’Ellie a su prouver: « j’ai choisi la procédure la moins invasive possible, un système où un petit morceau de métal est inséré dans chaque trompe, qui cicatrise autour et se referme ce faisant. Je me sens libérée d’avoir pu faire ce choix, je regrette seulement que ça ait pris autant de temps. Je ne juge pas du tout les femmes qui veulent avoir des enfants mais être maman n’est pas une fin en soi. Ce serait bien que les femmes qui ne veulent pas d’enfants soient reconnues au même titre que celles qui se reproduisent ».

Ce 26 mai, Flair organise sa journée de la fertilité. Rendez-vous sur Facebook, Instagram et bien sûr Flair.be pour en savoir plus.

Childfree et heureuse : 

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