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L’Arabie Saoudite à la Commission des droits des femmes: pourquoi c’est fou?

Kathleen Wuyard
L'Arabie Saoudite vient de rejoindre la Commission des droits de la femme des Nations Unies. Plutôt qu'une avancée, c'est un vrai camouflet dans un pays où les femmes ne sont pas respectées. 

Pouvoir conduire une voiture. Avoir le droit de s'habiller comme on le désire en public. Se déplacer sans la surveillance d'un "gardien". Des droits tellement évidents sous nos latitudes qu'on n'y pense même pas. En Arabie Saoudite, toutes ces libertés sont pourtant interdites aux femmes. Malgré tout, le pays vient d'intégrer la Commission des droits des femmes des Nations Unies. Schizophrénie? 


Aucune existence légale

Clarence Rodriguez est une journaliste française installée depuis 11 ans à Ryiad, en Arabie Saoudite. Une mutation forcée, pour pouvoir continuer à travailler, qu'elle a raconté dans une lettre ouverte au Huffington Post. Dans son témoignage passionné, elle dénonce:  "j'ai dû mettre le voile sur mes principes, acquis de longue date par nos grands-mères et nos mères dans mon pays d'origine, la France. Accepter d'être inféodée à mon mari, mon "tuteur". Je n'ai en effet aucune existence légale, à l'égard des Saoudiennes". Et gare à celles qui ne respectent pas les règles :

Je me souviendrai longtemps de notre arrestation avec mon amie Madeha, et de ces quatre longues heures passées au poste de police à Olaya. Nous avons été interrogées comme des délinquantes. Notre crime? Madaha conduisait pendant que je l'interviewais pour mon documentaire. L'enfer!

 

L'oppression de la femme par excellence

Un enfer qui est le lot quotidien des Saoudiennes. Si elles sont de plus en plus à faire entendre leurs voix sur les réseaux sociaux pour tenter de faire changer les choses, dans les faits, en Arabie saoudite, les femmes sont encore bien loin d'être considérées comme égales aux hommes. Comme l'a expliqué le politologue Abdel Mottaleb El Husseini à Arte,

La femme est considérée légalement comme une mineure en Arabie Saoudite. On est dans un cas extrême d'application du wahabbisme, c'est par excellence le pays de l'oppression de la femme. 

 

"Un coup dans l'estomac"

Ce qui n'a pas empêché 47 des 54 pays membres du Conseil économique et social des Nations Unies d'approuver l'arrivée de l'Arabie Saoudite dans la Commission des droits des femmes. Un Conseil dont la Belgique fait partie: notre pays se serait d'ailleurs prononcé en faveur de l'Arabie Saoudite lors du vote. Une honte pour le député Groen Wouter de Vriendt : 

Un vote positif de la Belgique est tout simplement choquant, et un coup dans l'estomac de tous ceux qui se battent pour les droits de la femme. 
 

Un voile sur les droits des femmes

Car la Commission en question est chargée de questions de la plus haute importance, notamment les droits en matière sexuelle et de reproduction. Des droits qui sont bafoués quotidiennement au sein du nouveau pays membre. En janvier 2016, une Saoudienne violée par 7 hommes a ainsi été condamnée à 6 mois de prison et 200 coups de fouet. Son crime: avoir bafoué la loi qui la force à être accompagnée de son gardien, et avoir osé parler de son viol dans les médias. Cachées sous leurs longues abayas noires, les Saoudiennes sont priées d'accepter en silence les règles qui les maintiennent dans l'infériorité. Et cette semaine, 47 pays ont donné raison à leurs oppresseurs. 

 

Le combat continue pour les droits des femmes: 

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