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Débat sur le burkini: et si on laissait les femmes tranquilles?

Justine Rossius
En France, plusieurs municipalités ont interdit le port du burkini. Depuis, le débat enfle un peu partout dans le monde. L'occasion de faire le point sur cette polémique pour le moins estivale.

Comme d'hab', ce qui se passe en France fait écho chez nous. Depuis le 27 juillet dernier, une douzaine de municipalités françaises a interdit le port du burkini. Le burkini, c'est un vêtement de plage qui couvre tout le corps et les cheveux de certaines femmes musulmanes, mais laissent les pieds, les mains et le visage nus. Après cette interdiction de l'autre côté de la frontière, une députée flamande N-VA a également fait une proposition pour faire de même sur notre côte belge.

 

Le burkini, trouble à l'ordre public?

Si le burkini est proscrit en France, c'est parce qu'il constituerait un risque de trouble à l'ordre public et enfreindrait le principe républicain de laïcité. Un trouble qui – rappelons-le – n'a jamais été avéré jusqu'ici.

Contrairement à la burka (voile intégral), dont le port est interdit tant en France qu'en Belgique, le burkini ne dissimule pas le visage des femmes qui le portent dans l'espace public.

Et c'est une importance fondamentale pour comprendre le débat! Quoi qu'il en soit,  pour Marine Le Pen, qui n'a jamais eu peur ni des mots, ni du ridicule – l'interdiction du burkini reviendrait à "préserver "l'âme de la France"". L'âme de la France, il y a quelques mois, c'était la liberté d'expression qui resplendissait grâce aux "Je suis Charlie" affichés partout. Cherchez l'erreur.

 

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Le burkini, signe d'un sexisme flagrant?

Le burkini choque certaines personnes parce qu'il symbolise prétendument l'inégalité des sexes chez les musulmans. La vision de la femme que le burkini sous-tend dérange. La femme musulmane devrait se couvrir "pudiquement" pour ne pas attirer les regards des hommes. En gros, pour libérer les femmes du joug de l'oppression masculine, il faudrait avant tout les libérer de leur voile et de leur burkini. Oui, mais n'oublions pas que juger quelqu'un n'a jamais libéré personne. Et de nombreuses musulmanes portent le voile, par choix avant tout. Un "détail" qu'on a tendance à zapper, comme ça, parce que ça correspond mieux à nos standards occidentaux. Comme dans beaucoup de cas, on pense pour les femmes à leur place.

 

Et si on arrêtait de diviser?

Franchement, ce débat est surtout en train de stigmatiser – ENCORE – la communauté musulmane. Et c'est là le fond du problème. La communauté musulmane a assez souffert des amalgames ces derniers mois, que pour encore se voir pointée du doigt pour un morceau de tissu. L'Etat devrait avant tout mettre des moyens en œuvre pour nous fédérer tous, plutôt que de toujours nous diviser et stigmatiser une partie de la population pour de critères purement religieux. Surtout que, franchement, on imagine très mal un employé municipal demander à un prêtre de quitter la plage à cause de sa soutane. Un état laïc, vous dites? Cet état ne commence-t-il pas à doucement apprendre de ses erreurs? Ne voit-il pas l'horreur qui se cache derrière ce genre d'interdiction? Derrière l'image du flic qui force une femme à se dénuder sur la plage? Pourtant, ça crève les yeux.

 

Et si on foutait la paix aux femmes?

Ce n'est pas facile de donner une opinion sur un fait qui ne nous concerne pas. Non, je ne sais pas, personne ne sait, si telle ou telle femme pratiquant l'islam souffre du fait de porter un burkini, un hijab ou que sais-je encore. Ne pas savoir = ne pas juger. Principe de base. Personnellement, j'estime que la manière de se vêtir de ma voisine de plage ne changera rien à ma vie. Ne changera rien non plus à la vie des ministres à l'origine de ces décisions, ni à celle des policiers qui ont forcé une femme à ôter sa tunique sur une plage de Nice le mardi 23 août dernier. Devant tout le monde. Comme ça. Comme s'interroge justement le hashtag qui fait actuellement le tour de Twitter #WWTFrance, what the fuck France?

 

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S'imaginent-ils l'affront que cela représente pour cette femme qui se reposait tranquillou sur la plage d'être verbalisée comme si sa burkini représentait une menace terroriste?

Nous, un peu naïvement, on pensait que les policiers arrêtaient les méchants, les voleurs et les voyous. Et aussi que les burkinis n'avaient jamais tué personne.

Que les religions non plus d'ailleurs. Juste les fous qui l'interprètent comme des cons. Comme le disent très bien nos consœurs de Madmoizelle, laissez ces femmes côtoyer d'autres femmes, aller à la plage et choisir par elles-mêmes ce qui les inspire. Quant à nos élus, ne serait-il pas temps qu'ils se creusent un peu les méninges pour se pencher sur d'autres questions plus urgentes et un brin moins grotesques. 

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